THEA COMPAGNIE
SAMEDI 1er AOUT 2015, J.M. RIBES ET G. COURTELINE FONT RECETTE A LA SALLE DES ARTS à SAINT-AGREVE (ARDECHE)
Le spectacle "Il était une fois le couple", on l'a dit, se compose de trois pièces, deux de Jean-Michel RIBES, "Les cent pas" et "ultime bataille" et une de Georges COURTELINE, "Les Boulingrins".
Certes le spectacle est marqué par la diversité des personnages mais ceux-ci évoluent dans un lieu, un décor unique, légèrement modulable, à chaque pièce. Les trois pièces se déroulent dans ce qui tient lieu de logement : une sorte de chambre-salon-jardin très kitch, avec son paravent garni de fleurs artificielles, son mobilier à base de tables et chaises de jardin couleurs pastel, ses paniers fleuris, son parasol, ses objets anachroniques ...
Un bilogue en avant-scène et un monologue assurent, presque sans transition, le passage d'une pièce à l'autre. La durée de ces deux "intermèdes" permet aussi aux acteurs de se changer et de revenir avec un nouveau costume, très différent, qui illustre un nouveau personnage.
Cependant une certaine unité ressort de l'ensemble signalée par la présence permanente de conflits, trois confrontations dans lesquelles les personnages se déchirent en raison de leur situation.
Et le ton général est à faire rire, donc générateur d'unité dans ce spectacle multiforme.
La pièce "Les cent pas" exploite un comique classique tiré du Vaudeville ou de la comédie de moeurs, celle du conflit au sein du couple, mais en le déformant pour déboucher sur une perspective déroutante, vision ironique et grinçante de l'usure entre deux êtres englués dans une routine dévastatrice.
Comique particulier, décapant et décalé dans "Ultime Bataille" où la scène de couple parodie le Vaudeville. Une pirouette finale ajoutera à ce décalage en vidant de toute puissance émotionnelle cette situation de danger.
Et puis arrivent "Les Boulingrins". On s'y délecte grâce à des scènes de ménage intemporelles, réalistes, cruellement désopilantes. C'est vraiment "L'amour vache" , tant ce couple est exposé dans des états de violence extrême. Les affrontements vont crescendo : les cris montent, les coussins pleuvent et tapette à mouches et filet à papillons deviennent des instruments de torture pour ce pauvre pique-assiette de Des Rillettes qui s'est invité chez ce couple terrible, un tandem hurlant dont il devient le bouc émissaire. Les costumes aux couleurs criardes accentuent l'atmosphère de discorde entre les personnages et suggèrent le conflit.
Pas plus que Jean-Michel Ribes, Courteline ne se fait d'illusion sur la vie à deux. Le ridicule et les mesquineries des personnages qu'il épingle nous semblent étrangement familiers.
Et le jeu des comédiens, comme la mise en scène, servent bien cet auteur souvent injustement raillé par la critique.
"Les cent pas " de Jean-Michel RIBES
"Les cent pas " de Jean-Michel RIBES
"Les cent pas " de Jean-Michel RIBES
"Les cent pas " de Jean-Michel RIBES
"Les cent pas " de Jean-Michel RIBES
"Les cent pas " de Jean-Michel RIBES
"Ultime bataille" de Jean-Michel RIBES
"Ultime bataille" de Jean-Michel RIBES
Bilogue "Brèves de comptoir" d'après Jean-Marie GOURIO
Bilogue "Brèves de comptoir" d'après Jean-Marie GOURIO
"Les Boulingrins" de Georges COURTELINE
"Les Boulingrins" de Georges COURTELINE
"Les Boulingrins" de Georges COURTELINE
"Les Boulingrins" de Georges COURTELINE
"Les Boulingrins" de Georges COURTELINE
"Les Boulingrins" de Georges COURTELINE
"LES MOZ'EN FOLIE" d'après JEAN TARDIEU ET QUELQUES AUTRES ...
TOUTE UNE HISTOIRE
Au cours d'un même spectacle, quatre comédiens vont jouer quatre théâtres différents, comme une troupe qui s'essaierait à des variations sur son art.
Les quatre pièces de Jean Tardieu qui composent le spectacle sont tirées des recueils "La comédie du langage" et "La comédie de la comédie". Chacune s(attache à un procédé théâtral, qu'elle pousse jusqu'à l'absurde.
QUATRE PETITES HISTOIRES
Plusieurs conversations sont attaquées selon des angles différents dans chque saynète :
"Oswald et Zénaïde" ou les apartés, dans laquelle les personnages, tels des infirmes de la communication, ne s'adressent que des banalités laconiques, mais livrent au public leurs états d'âme en des apartés fiévreux... Au-delà des échanges les plus communs, surgit le sous texte, les mots de la vie intérieure.
"Finissez vos phrases", ou la rencontre amoureuse de Monsieur A et de Madame B, dont le dialogue est constitué de phrases inachevées : les mots "pleins", porteurs de sens, sont tous remplacés par des points de suspension, ce qui laisse au public tout le loisir de les compléter, selon l'intrigue qui lui vient à l'esprit.
Ce texte de théâtre déroute : en effet, à aucun moment les deux personnages ne prononcent des phrases compètes. Ce sont des phrases où on a fait l'économie du verbe ("Lorsque vous me mieux, vous saurez que je toujours là."; "C'est comme si je !"). Les phrases complexes ne sont pas terminées ("Je devine que." ; "Je vous crois, parce que je vous !") On remarque en outre un grand nombre d'interjections, d'exclamations, d'interrogations, d'expressions "toutes faites" qui permettent de garder le contact avec l'allocutaire et qui renvoient directement aux usages et tics de langage.
Toutefois, malgré l'apparence, il ne s'agit pas d'une suite incohérente et désordonnée de mots et de phrases.
Le spectateur est à même de donner du sens à l'ensemble. Le jeu sur l'implicite, sur le non-dit est poussé à l'extrême limite.
"Eux seuls le savent" ou les mystères du drame bourgeois : sans que l'on sache leurs réactions, les personnages se disputent, s'aiment et se déchirent avec une grande conviction, au milieu d'un drame dont les mobiles et le sens échappent totalement à notre compréhension.
Jean Tardieu met en scène un conflit dramatique dont les détails demeurent un mystère total. Le titre indique bien de quoi il s'agit : un théâtre sans intrigue, ou plutôt dont l'intrigue n'est connue que des seuls protagonistes, et pas du public.
Mais n'est-ce pas le lot de bien des feuilletons "fleuves" que l'on trouve sur nos petits écrans aujourd'hui ?
"Un mot pour un autre" : Tardieu réussit l'exploit de rendre cohérente une saynète où quasi l'ensemble des substantifs sont remplacés par d 'autres n'ayant a priori rien à voir avec le commun usage ... et pourtant on comprend tout, ce qui en dit long sur le mythe du "mot juste".
Le mari, la femme, la maîtresse ... Situation vaudevillesque classique ! En est-on si sûr ? Surtout quand une drôle de maladie atteint les personnages qui dialoguent avec naturel en utilisant un mot pour un autre ? Oui, ce serait une sorte de boulevard fin dans lequel les mots prennent le dessus sur la situation des personnages renforçant la situation burlesque initiale par un assemblage cocasse et déraisonnable des mots.
UN SPECTACLE BURLESQUE, POETIQUE ET MUSICAL
En regroupant ces quatre pièces autour du thème du théâtre, et en les reliant entre elles par des poèmes (Tardieu) et des chansons empruntées à La rue Kétanou, Gainsbourg, B. Lapointe, B. Vian, l'envie était aussi d'en faire une spectacle ayant une unité, un style, une personnalité, et non pas une simple suite de pièces, un "florilège Jean Tardieu" dont l'auteur serait le seul lien.
Les comédiens s' essaient à quelques pas de danse, convoquant polka, tango et lambeth walk.
Le décor est une création originale : une longue table sur tréteaux, point de départ et de retour, espace de non jeu, mais pas seulement, puisque des interactions existent entre les comédiens jouant leur scène et ceux qui y assistent, crant ainsi des situations fantaisistes, déjantées.
Complétant le dispositif, une table, deux chaises, coin rencontre modulable aux éléments de décor évolutifs; deux portants font office de coulisses et rendent possible l'absence de coupure entre les scènes puisque les changements se font à vue, et prennent l'allure de ballets "à la Chaplin".
En effet les intermèdes empruntent à "La ruée vers l'or" son thème musical; ce dernier fait également office de lien.
Les chansons jouent elles aussi avec les mots, discrets éléments annonciateurs de la pièce qui suit.
Quant aux costumes minimalistes, ils renoncent à la débauche de tissus : des éléments de couleurs récurrents (gilets, chapeaux...) viennent s'ajouter, pour chaque pièce, aux bases noires et neutre des comédiens.
LE MOT DE LA FIN
Jean Tardieu s'est amusé dans ses comédies à démonter les rouages du théâtre. il arrive ainsi à créer des pièces où les situations sont surréalistes et irrésistibles de drôlerie. Son oeuvre théâtrale montre que tout est possible sur scène, jusqu'à réinventer le langage.
"Dés mon enfance, j'ai été intéressé par les mots, les calembours, les jeux de mots. [...] Ca a toujours été un besoin de rire avec les mots [...]"
(Entretien avec laurent Flieder, juillet 1983)
Ouverture : "Les mots" (La Rue Kétanou)
J. Tardieu : "Oswald et Zénaïde".
Gainsbourg : "Exercice en forme de Z".
J. Tardieu : "Finissez vos phrases."
"J'suis snob" B. Vian
J. Tardieu : "Eux seuls le savent".
B. Lapointe : "Ta katie t'a quitté".
30 JUILLET 2014 - "RUMEURS" de Jean-Michel RIBES - MOULIN DE MONTABINNEL - HAUTE-ARDECHE
La courte pièce "RUMEURS" montre comment une phrase anodine devient une monstruosité raciste. Du "on dit" à "la condamnation", le téléphone arabe !
Quelques mots sur Jean-Michel RIBES ...
Les textes de J.M. Ribes explorent la condition humaine, la bêtise, l'intelligence, les dérapages et les travers de tout un chacun. Les textes se répondent, résonnent étrangement et participent à cette impression déroutante de voir la réalité et le quotidien prendre des formes inattendues et souvent ahurissantes.
J.M. Ribes excelle dans l'art des pièces courtes et efficaces : ses dialogues sont bondissants et étonnants. C'est un véritable feu d'artifice de vérité détournée.
"J'aime beaucoup les étincelles, les courts-circuits, les gens qui glissent ou qui s'envolent, bref les sursauts...les petits moments délicieux qui nous disent que le monde n'est pas définitivement prévu et qu'il existe encore quelques endroits où la réalité ne nous a pas refermé la porte sut la tête."
J.M. RIBES
(Avec "Roméouche et Henriette", "Tourisme" et "Bataille dans les Yvelines", "Rumeurs" fait partie d'un ensemble appelé "Pièces détachées.")
"Il lui donne un bon coup d'épaule et part en courant. La vieille femme titube,
chancelle, puis s'étale de tout son long sur le trottoir, en se démettant une côte..."
"Tout s'en va ! Tout fout le camp ! la vie, l'amour, la mort ! Tout pourrit !"
" Un meurtre Madame Tronche, un meurtre ! "
"...quand tout à coup une énorme voiture noire, [...noire...] me coupa la route, freina criiiic !
un homme en descendit, style... heu ... brun, en descendit, un par-dessus, un feutre..."
"Métèque !"
Le salut !
L'auteur : Jean-Michel RIBES
THEATRE MUSICAL : "OSWALD ET ZENAIDE" de Jean TARDIEU
"Oswald et Zénaïde" ou les apartés, dans lesquels les personnages, tels des infirmes de la communication, ne s'adressent que des banalités laconiques, mais livrent au public leurs états d'âme en des apartés fiévreux ... Au-delà des échanges les plus communs, surgit le sous texte, les mots de la vie intérieure.
Inspiré par le film "On connait la chanson", j'ai eu envie d'introduire de courts extraits de rengaines, chantées, en musique, par les comédiens eux-mêmes, renforçant par ce biais la richesse de ce sous texte.
C'est ainsi que vous pourrez reconnaître, successivement, quelques fleurons de la chanson populaire comme "le premier pas", "il est cinq heures, Paris s'éveille", "Paulette, la reine des paupiettes", "comment te dire adieu", "come prima" et l'incontournable "emmène-moi danser ce soir".
Avec Tany Varroy, Zénaïde, Francis Rodary, Oswald et Pierre Varroy, M. Pomméchon.
Cette courte pièce en un acte, d'une durée de quinze minutes environ, peut s'insérer dans un tour de chant.
Représentation, Amphithéâtre du collège de Marseilleveyre.
"IL ETAIT UNE FOIS LE COUPLE ..."
"IL ETAIT UNE FOIS LE COUPLE"
Conception et mise en scène : Francis Rodary
Décors et costumes : Théa Compagnie
Avec la participation amicale de Gilles Bierry (Voix off)
Ouverture
LES CENT PAS
JEAN-MICHEL RIBES
Tany Varroy > Marie-Gisèle
Francis Rodary > Georges
Pierre Varroy > L'homme
Intermède
Extraits de "Brèves de comptoir" de J.M. GOURIO
Pierre Varroy > Picassiette
Francis Rodary > Le patron du bar
ULTIME BATAILLE
JEAN-MICHEL RIBES
Tany Varroy > La femme
MONOLOGUE DE LEON
Pierre Varroy > Léon
LES BOULINGRINS
GEORGES COURTELINE
avec par ordre d'entrée en scène :
Tany Varroy > Félicie et Mme Boulingrin
Pierre Varroy > Des Rillettes
Francis Rodary > M. Boulingrin
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De Jean-Michel Ribes, on a pu dire que : "Ces monologues ou trilogues subtils et burlesques laissent éclater la magie du langage, à chaque réplique et démontrent une vision décalée du monde où le rire règne en maître ... où le comique exprime au plus haut degré le tragique de la condition humaine ..."
La pièce, Les Boulingrins, s'inscrit clairement, par l'extravagance bouffonne de son dialogue et par le comique de situation dont est victime Des Rillettes, dans la tradition de la farce.
Courteline pousse la situation jusqu'à ses conséquences ultimes et invraisemblables : tentative de meurtre, incendie, destruction de l'appartement. Le vaudeville devient vaudeville-farce et le sketch de la dispute devient scène de Grand-Guignol.
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