SPECTACLE THEATRAL "IL ETAIT UNE FOIS LE COUPLE" : "LES CENT PAS" et "ULTIME BATAILLE" de J.M. RIBES et "LES BOULINGRIN" de G. COURTELINE
Ces trois courtes pièces déclinent, chacune à leur façon, mais toujours sur le mode abrasif, le conflit. Chacune donne à voir une confrontation bien particulière : un homme et une femme usés par l'ennuyeux quotidien d'une vie de couple sans surprise dans "Les cent pas", une femme qui "laisse tomber " son amant dans "Ultime Bataille" et, pour "Les Boulingrin", un couple qui va profiter de l'intrusion d'un pique-assiette dans leur demeure, pour en faire un bouc émissaire et peut-être mettre un peu de piment dans leur vie de couple sexuellement essoufflée.
Tous les ressorts du comique sont usités pour mieux dynamiter le sérieux des situations.
Avant le spectacle : la représentation en appétit !
Le titre du spectacle théâtral : "Il était une fois le couple..."
Les titres des trois pièces constituent un horizon d'attente : "Les cent pas"; "Ultime bataille"; "Les Boulingrin".
--> Inviter les élèves à réfléchir sur le titre général du spectacle, à interroger ce qu'il suscite, puis à commenter les titres des trois pièces qui le constituent.
Si on met en écho, le titre général du spectacle, avec les différents titres des pièces, "Les cent pas" apparaissent comme plutôt énigmatiques et on a du mal à imaginer quels en sont les enjeux, distance qui ménage une surprise pour le spectateur, lorsque l'action est présentée ensuite.
Pour "Ultime bataille", on est plus proche d'une idée de conflit de couple, de scène de ménage que d'une imagerie guerrière, situation dramatique de confrontation que l'on peut supposer au sein de ce couple "Les Boulingrin".
L'après représentation : jouer un extrait de "Ultime bataille"
--> Proposer aux élèves de commencer par une lecture à voix haute d'un extrait de la pièce, en travaillant particulièrement les intonations, les ruptures de ton et de rythme.
Résumé et projet du spectacle
--> inviter les élèves à se demander ce qui sépare et ce qui fait l'unité de ces trois pièces.
Le spectacle est marqué par de grandes similitudes : il s'agit toujours d'un couple, avec ou sans l'intervention d'une tierce personne, dans un décor identique, légèrement modulable.
Si l'on passe par la scène de ménage et le pseudo monologue, l'unité ressort par la présence permanente de conflits, unité renforcée par le ton général des pièces, une forme particulière de comique, même si "Ultime bataille" présente une situation insolite aux éléments très décalés.
Du comique classique ... au comique de décalage
--> Inviter les élèves à identifier dans les pièces quelques-uns des procédés classiques de la comédie :
- comique de mots ("Les cent pas" / "Les Boulingrin")
- comique de gestes ("Les Boulingrin")
- comique de situation, avec la reprise du trio, le mari, la femme et, à défaut de l'amant, le troisième personnage ("Les cent pas" / "Les Boulingrin")
- comique de répétition ("Les Boulingrin")
--> Inviter les élèves à identifier les procédés de décalage : attitude inappropriée, incongruités, humour noir, parodie ...
C'est particulièrement le cas dans "Ultime bataille" : alors que son amant est "accroché par les mains les pieds dans le vide", c'est à dire en danger de mort, cette femme poursuit froidement sa scène de rupture comme si de rien n'était.
Le dénouement de la pièce ajoute à ce décalage en vidant de toute puissance émotionnelle cette situation de danger par une pirouette finale : l'homme tombe chez la voisine du dessous, situation qui ne fait que répéter celle vécue par la femme " il y a exactement trois ans" lorsque l'homme était tombé sur son balcon après avoir été "balancé" par la voisine du dessus.
La scène de couple parodie le Vaudeville dans "Ultime bataille", parodie aussi la scène du balcon dans "Roméo et Juliette", le mélo étant revisité de manière sanglante.
Un humour noir et provoquant : il est surtout présent dans "Ultime bataille" où la femme décrit, avec distance et détachement, comme si de rien n'était, son amant pendu au-dessus du vide : "Regarde dans quel état tu es Guy, tu es violet, ton cou est tout gonflé, tu baves, tes bras suppurent ..."
Cette description terrible, qui le montre souffrant et en danger, contraste avec la froideur de la femme et ce décalage nous fait rire, d'un rire noir qui se prolonge ensuite lorsqu'elle lui marche sur les mains pour le décrocher, faisant semblant de ne pas l'avoir fait exprès.
Le théâtre de la rapidité ...ou pas
--> Demander aux élèves d'interroger la forme brève. Pourquoi des pièces courtes plutôt qu'une pièce longue ?
La forme brève produit une esthétique du rebondissement et de la rapidité qui permet d'éviter la psychologie et les mises en place.
C'est particulièrement vrai pour "Les cent pas" et pour "Ultime bataille" : quasiment aucune exposition dans "Les cent pas", aucune scène de mise en situation pour "Ultime Bataille". Le spectateur est directement plongé dans une situation dont il va comprendre les tenants et les aboutissants progressivement, en accompagnant presque les personnages. Comme eux, il est saisi par une situation qui commence tout de suite, voire qui est déjà engagée, bien avant le début de la pièce.
Ainsi la femme de "Ultime bataille" est lasse comme quelqu'un qui écoute pour la centième fois la même histoire.
Dans "Les cent pas", presque dès les premiers mots, les personnages sont baignés dans une urgence, une situation à laquelle, il faut faire face "...des pas, des pas là, derrière la porte", bruits inquiétants qui vont mettre en exergue la mésentente apparente du couple, le désenchantement de Marie-Gisèle, la couardise de Georges.
A l'opposé, Georges Courteline propose une scène d'ouverture - Félicie / Des Rillettes - où ce dernier va exposer ses propres desseins en s'introduisant chez les Boulingrin et en tirant les vers hors du nez de la bonne, afin de s'informer sur ce couple.
Le conflit se noue dès l'entrée en scène de ce couple terrifiant; il a même débuté avant et c'est des Rillettes qui en fait les frais.
AUTRES PISTES DE TRAVAIL / ECHANGER SUR LA MISE EN SCENE
--> Quelles remarques suggèrent le décor et les costumes ? Quels partis pris de mise en scène sont immédiatement visibles ?
Décor et costumes, surtout dans "Les Boulingrin" illustrent une volonté très nette de s'éloigner des univers des pièces.
De plus le décor est organisé de manière à permettre le passage, presque sans transition, d'une pièce à une autre, grâce aux monologues et au bilogue d'avant-scène.
Dans le monologue d' "Ultime bataille", en dehors d'une seule chaise, il n'y a aucun objet : tout repose sur le jeu de la comédienne.
--> Interroger les élèves sur le rythme du spectacle et le rythme de chacune des pièces.
La mise en scène insiste sur la rapidité. Le jeu des acteurs dans chaque pièce est marqué par ce même rythme rapide, hormis dans le monologue d'"Ultime bataille".
Les personnages se disputent, se serrent la main, semblent parfois de connivence, se disputent à nouveau, font la paix ...
Ils n'ont pas le temps de s'arrêter, pas le temps de réfléchir, passent leur temps à se déplacer, à s'asseoir, à se lever, à changer d'intonation.
---> S'interroger sur le rôle des objets :
Ils sont nombreux sur scène. Ils jouent différentes fonctions, réalistes la plupart du temps, fonction représentative lorsque seuls, leurs noms sont inscrits sur un panneau (glace, pendule ...).
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